Les stratégies de légitimation dans les régimes autoritaires

Sous-titre : Perspectives comparées
Type : Numéro spécial dans la Revue internationale de politique comparée
Direction : Karine Gatelier et Marc Valeri

Pendant plus d’une décennie, à partir de la chute du mur de Berlin, les études de politique comparée ont accordé une large place à la question de la « démocratisation », sous l’impulsion notamment des théories de la « transition démocratique » (telle que celle-ci a été définie par Philippe Schmitter, Guillermo O’Donnell et Laurence Whitehead [1]) ou des « vagues de démocratisation », repérées par Samuel Huntington [2]. Or cet espoir s’est souvent nourri d’illusions dans bon nombre d’États d’Afrique et d’Asie notamment, où, dans le meilleur des cas, les réformes mises en œuvre par les régimes autoritaires se sont révélées n’être que des gages pour satisfaire aux critères de conditionnalité de la communauté internationale. En particulier, les politiques de libéralisation économique entreprises au cours des décennies 1990 et 2000, théoriquement de nature à favoriser l’arrivée de nouveaux acteurs, n’ont pas remis en cause l’équilibre réel du pouvoir [3]. De même, la libéralisation parfois entamée en matière politique, avec l’introduction d’assemblées locales ou de parlements élus au suffrage universel, s’est souvent accompagnée de mesures restrictives au nom du maintien de la sécurité intérieure. En 2012, nombre de régimes se caractérisent toujours par un cœur du pouvoir resté à l’écart de toute compétition politique, par un accaparement des ressources dans les mains d’un groupe restreint, qu’il soit familial ou clanique, et enfin par l’usage de la violence pour faire taire les voix dissonantes.

Date : 2012/4 (Vol. 19)
DOI: 10.3917/ripc.194.0007
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