Pour une société de l’accueil

L’accueil fait conflit

L’actualité récente a montré que l’accueil de personnes venues chercher un refuge fait conflit. Si des individus et institutions, localement, portent des projets d’accueil sur leur territoire, ces projets suscitent parfois des réactions de rejet pouvant déboucher sur des actions violentes. La peur et le rejet qu’ils provoquent s’expliquent en partie par le fait que l’immigration est présentée comme problème et une menace pour la société, et les personnes exilées comme des indésirables ; les politiques publiques sont le reflet de cette hostilité et produisent des violences à l’égard des personnes étrangères.

À cela s’ajoute, la construction politique d’une austérité budgétaire qui produit une mise en concurrence des publics dans l’accès aux droits et aux services publics, ainsi qu’un effritement du sens de l’intérêt général au détriment des plus précaires.

Plusieurs lignes du conflit de l’accueil sont identifiées et sont importantes dans l’analyse structurelle pour penser des actions en faveur d’une société de l’accueil :

1. Hostilité de l’opinion publique à l’idée d’accueil de personnes étrangères ; cette hostilité est construite sur des politiques de la peur
2. Mise en concurrence des publics et l’entretien d’une pénurie de moyens ;
3. Divergence de conception de l’appartenance et de participation entre personnes considérées comme établi.es et nouvellement installé.es sur le territoire nourrie par des discours dominants discriminants, excluants voire xénophobes
4. Les acteurs politiques locaux quand ils et elles incarnent la société de l’accueil se heurtent à la répartition des compétences entre échelle administrative et politique générant des tensions entre institutions et notamment entre l’État et les collectivités territoriales ; mais également entre collectivités territoriales elles-mêmes ;
5. Manque de reconnaissance mutuelle entre activisme citoyen et collectivités territoriales ;

L’opportunité du local pour agir sur le conflit de l’accueil face aux carences de l’État :

Par manque de volonté politique au sommet du pouvoir, les collectivités locales sont confrontées aux carences de l’État avec un système de l’accueil sous-dimensionné et limité dont les répercussions concrètes sont perceptibles localement, par des manifestations de situations de mal logement et de grande précarité. C’est pourquoi nous pensons que l’échelle locale permet d’initier des réflexions et actions au plus près des réalités locales et des solutions concrètes pour encourager un accueil digne.

Un ancrage multi-situé pour penser l’accueil

Depuis sa création, Modop privilégie un travail ancré sur le terrain à l’échelle locale et défend la nécessité de cet ancrage au plus près des réalités sociales. Ce travail local permet de gagner en visibilité et en puissance d’action à travers la mise en réseau. Il vise pour cela à accompagner les dynamiques collectives des sociétés locales pour produire des transformations sociales face aux crises politiques nationales et à la perte de crédibilité de l’État dans la recherche de solutions. L’échelle locale permet de mettre en pratique l’action politique en (re)produisant de la communauté et de la décision collective. Ces expériences de réflexivité et d’action qui en découlent contribuent à enrichir les politiques publiques. C’est l’approche sur laquelle Modop travaille et inscrit son actuel programme d’action « Pour une société de l’accueil ».  Il se double d’un intérêt accru dans le contexte actuel d’une montée des idées et actes d’extrême droite et d’un besoin de construire des stratégies collectives d’adhésion aux idées de solidarité pour déjouer les hostilités,prévenir les potentielles violences et faire société ensemble.